Saul Bass
1920 – 1996 (USA)
Saul Bass est un des plus grands graphistes américains du 20e siècle. Son œuvre est impressionnante non seulement par sa qualité mais aussi par sa diversité : il a touché à tous les domaines du graphisme (identité visuelle de grandes compagnies, packaging, édition, logos, etc.) mais il a surtout révolutionné le générique de film ainsi que l’univers graphique qui l’accompagne (affiche, etc.).
Son style extrêmement graphique, inspiré par le Bauhaus et le constructivisme, composé de silhouettes tranchées, géométriques sur de grands aplats de couleurs vives s’est imposé très rapidement et a énormément influencé les graphistes actuels.
Il a commencé a travailler avec Otto Preminger, d’abord pour l’affiche et la générique de Carmen Jones (1954) puis pour le long métrage qui allait imposer le générique comme faisant partie intégrante du film, l’Homme au bras d’or (1955). A sa sortie, les projectionnistes reçurent une note leur indiquant qu’ils devaient ouvrir le rideau avant le générique … car jusqu’alors, ceci ne consistaient qu’en une longue liste de noms qui défilaient non pas sur l’écran mais sur les rideaux qui le masquait : ils ne s’ouvraient qu’au début du film !
C’est ce que Saul Bass décrivait comme le « pop-corn time » … il saisit alors l’opportunité de transformer ce temps d’attente : "Mon but au travers du générique est de préparer le spectateur à l'émotion du film, à lui ouvrir l'appétit, à le plonger dans l'ambiance de l'histoire, en abordant déjà, et de manière métaphorique, tous les thèmes présents dans le film. C'est une sorte de conditionnement, une expérience qui fait que lorsque le film commence, le public a déjà ressenti une résonance émotionnelle."
Par la suite, Bass travaillera continuera à travailler avec Preminger ainsi qu’avec Hitchcock, Kubrick (pour Spartacus), Scorsese (pour Les Affranchis et Casino). Il travaillera sur les œuvres majeures d’Hitchcock : Sueurs froides (Vertigo, 1958), dont il signe également la séquence de « rêve », La mort aux trousses (North by Northwest, 1959) et surtout Psychose (Psycho, 1960).
Pour le générique de ce dernier, il utilisera l’animation image par image d’une série de barres d’aluminium peintes en noir pour créer les effets de bande qui décrivent la psyché malade du personnage principal. Le texte est animé de la même façon en utilisant simplement photocopieuse et ciseaux …
Bass sera également à l’origine du montage de la séquence de la douche pour lequel il réalisera un story-board très précis et travaillera également sur les décors du film.
Bien que l’animation soit minoritaire dans l’œuvre de Saul Bass, il s’est approprié cette technique afin de créer des génériques à fort impact visuel et émotionnel. Il a popularisé l’idée d’un habillage animé « adulte » et presque expérimental, ouvrant ainsi la voie à des nombreux créateurs, notamment dans la publicité et à la télévision.
Où voir l'oeuvre de Saul Bass ? Sur le DVD Bass on Titles. Les génériques de La mort aux trousses et de psychose sont visibles ICI.
Liens : sa biographie, un entretien avec Bass, un site consacré à ses génériques et un autre qui recense également ses affiches de films.
2 commentaires:
Merci de nous parler si joliment de Saul Bass, qui fut effectivement un génie et marqua de son empreinte le cinéma. D'ailleurs, on fête cette année les 10 ans de sa disparition...
Mille mercis pour ce billet épatant et brillant !!!!
C'est mon univers.
Joliment présenté et dit !
Je suis ravie.
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