26 mars 2006

Memories

Katsuhiro Otomo, 1995 (Japon) – 1h50 – Animation 2D/3D


Memories est un films à sketch comportant 3 court-métrages : Magnetic rose, adaptation d'un manga qu'Otomo dessina en 1980, Ses souvenirs (Kanojo no omoide) et qui donne son titre au triptyque, Stink bomb et Cannon fodder.
De grand noms ont travaillé sur ce projet comme Satoshi Kon à la direction artistique ou Koji Morimoto à la réalisation du premier film.


Magnetic rose – Rose magnétique
Koji Morimoto – 44 min


12 octobre 2092. Le Corona et son équipage d'éboueurs de l'espace capte un curieux SOS. Ils vont découvrir un étrange vaisseau, chargé des souvenirs de sa propriétaire ...



Magnetic rose est la création d'Otomo mais il porte vraiment l'empreinte de Satoshi Kon : la précision et l'importance des décors dans l'histoire, la grande qualité de l'animation (fluide et parfaitement rythmée), l'importance donnée à la psychologie des personnages annoncent déjà Perfect blue (1997).
Cette première partie se situe dans le futur mais curieusement ce sont les souvenirs, ces liens au passé, qui sont le centre même du film.



Stink bomb – La bombe puante
Tensai Okamura – 40 min


Nobuo Tanaka, un jeune chimiste, n'arrive pas à faire passer son rhume. Ingurgitant par erreur une molécule top-secret, il se retrouve transformé en arme bactériologique surpuissante ...



Stink bomb est sans doute le court métrage le plus ouvertement tourné vers la comédie et la dérision : l'administration et l'armée japonaise en prennent pour leur grade ! Curieusement c'est aussi l'oeuvre la plus proche d'Akira : on retrouve pratiquemet les mêmes personnages (notamment le général américain et son homologue japonais qui rappelle fortement les "enfants mutants"), le même design et le même rythme explosif. On retrouve également le thème de la destruction totale par la perte de contrôle des manipulations humaines sur la nature mais il est traité ici sous la forme de l'humour noir.



Cannon fodder – Chair à canon
Katsuhiro Otomo – 22 min


Dans une ville dont le seul but est de faire la guerre à un ennemi invisible, on suit la journée d'un petit garçon et de son père, chargeur d'obus au grand canon ...



Cannon fodder est le film le plus personnel des trois.D'abord par son graphisme : trait crayonné, couleurs posées par touches, teintes contratées (le rouge et le kaki dominent), imagerie empruntée à la propagande sont bien éloignées du design habituel de ce genre de production. Ensuite par sa contruction sous la forme d'un seul long plan séquence où les transitions sont gérées par de long mouvements de caméra. Cette fluidité de la narration fait ressortir la raideur des personnages, leurs tâches répétitives et l'absurdité de leur situation : toute une société tournée vers le canon, de l'éducation des enfants au travail des parents (fabrication des obus, entretien du canon, etc.).
Otomo tourne ici autour de l'idée d'un passé fantasmé, le souvenir de ce qui a été et de ce qui aurait pu être, un mélange féroce de fascisme et de stalinisme vu par les yeux d'un enfant.



Où les voir ? Memories existe en DVD.
Liens : un site français consacré à Otomo et à Koji Morimoto et l'article de Wikipedia consacré à Memories.

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