Persepolis
Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, 2007 (France) – 1h35 – dessin animé
Téhéran, 1978. Marjane est une petite fille insouciante dont les seules obsessions sont de pouvoir un jour «se raser les jambes et devenir le dernier prophète de la galaxie». Les événements auxquels son pays va être confronté vont venir bousculer son quotidien ...
Persepolis reprend la trame des trois premiers tomes de la bande dessinée et nous fait suivre le parcours de Marjane, de son enfance au début de l'âge adulte. On découvre avec elle la révolution et la guerre mais aussi toute les « petites histoires » de ses proches. Ce mélange, déjà très présent dans la bd, associé à un ton très libre, nous donne un grand sentiment de proximité avec le personnage principal : peu importe finalement où se déroule ces événements, il s'agit avant tout de l'histoire d'une jeune fille qui cherche sa place dans un monde en plein changement. Si le film avait été tourné en prise de vue réelle, le résultat aurait sûrement été beaucoup plus marqué culturellement voire tenté par le côté « folklore et tradition». L'animation permet d'échapper à tous ces travers grâce à la simplification du dessin et au parti pris radical du noir et blanc : l'action semble « hors du temps », sans autres repères temporels que ceux qui sont donnés volontairement par l'auteur. Les images des manifestations et de combats évoquent de par leur stylisation des images bien plus anciennes et restent pourtant d'une absolue modernité.
Il faut également souligner le magnifique travail d'animation : pratiquement tout a été animé et cleané « à la main », et le résultat est tellement fluide et juste que l'on oublie presque que l'on est en train de voir un dessin animé. Tout comme dans son oeuvre « papier », le graphisme (et donc l'animation) change subtilement pour suivre les pensées de l'héroine, qu'elle imagine la vie mouvementée de son oncle ou qu'elle tombe amoureuse. Ce mélange de techniques (papier découpé, 3D, etc.) se fait oublier tant il soutient la narration.
Un mot enfin sur le choix des voix : les comédiens sont tous excellents, avec une mention spéciale pour Danielle Darrieux en grand-mère peu conventionnelle. Les acteurs laissent vivre les personnages, on oublie leur présence « réelle » (j'ai d'ailleurs du tendre l'oreille pour reconnaîre la voix de Catherine Deneuve), ce qui est de moins en moins courant dans les productions actuelles.
Persepolis n'est pas juste un très bon film d'animation, c'est tout simplement un grand film. J'espère vivement que le jury du festival de Cannes ne passera pas à côté, sous prétexte que c'est un dessin animé ...
Date de sortie : 27 juin 2007 – des avant-premières sont organisées dans plusieurs villes, il suffit de s'inscrire ICI.
Liens : le site officiel, le blog et la page MySpace de Persepolis.
En plus : le site de la galerie Arludik, où l'on peut voir (et acheter) des tirages limités des dessins originaux, et le site de la FIDH (Fédération Internationnale des ligues des Droits de l’Homme.), sur lequel on peut voir une vidéo du vernissage de l'exposition. Les oeuvres seront mises au enchères le 20 juin prochin à l'Espace Cardin et les bénéfices seront reversés à le FIDH.
A noter : à l'occasion de la sortie du film, l'Association réédite Persepolis en monovolume.
1 commentaire:
Merci pour cette présentation, une suite d'images capivantes qui m'ont happé parmi toutes les autres images de ton journal si personnel, tes exlications sont claires et concises, sans toi, j'aurais raté ce film, je compte me le procurer en dvd.
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