Isao Takahata, 1994 (Japon) - 1h59 - dessin animé
Je suis allée voir ce film hier soir et comme toujours avec le studio Ghibli, je n'ai pas été déçue ...
Voici donc l'histoire des tanukis (qui ne sont pas des ratons-laveurs mais des chiens viverrins) vivant paisiblement dans leur forêt ... jusqu'au jour où, les habitants de Tokyo n'ayant plus de place, les pelleteuses attaquent leur territoire.
Ils vont entrer en resistance et essayer de repousser l'envahisseur grâce à leur "grand Art", la métamorphose.
En effet, s'ils apparaissent aux humains sous leur forme animale, le tanukis sont capables de se tranformer en toute sorte d'objet ou de créature ...
Fable écologiste (l'idée originale est de Miyazaki) mais surtout incroyable délire !
Les tanukis sont des créatures facétieuses, farceuses, gourmandes et paillardes (jamais vu autant de seins et de "fabuleux roustons", comme ils les apellent eux-même, dans un film d'animation !). Ils craquent quand ils se rendent compte que chasser les hommes de leur forêt revient à se priver du bonheur d'une bonne tempura ... et la seule chose qui réveillent les sages du conseil, ce sont des hamburgers McDonald (la marque est même citée dans la VO) !
Toute victoire est une bonne occasion pour faire la fête et même leur combat passe souvent par le fait de jouer des tours (bons ou mauvais) aux humains.
A travers ces délicieux personnages, on ressent l'amour de Takahata pour le japon "authentique" et ses habitants : au-delà de l'opposition "nature préservée/monde industriel", le problème que doivent affronter les tanukis se situe dans le rapport entre la tradition et la modernité. Peut-on consever les anciennes croyances dans la société actuelle ? Est-on obligé de devenir, comme les gens qui assistent à la parade des ectoplasmes, incrédules et insensibles aux mystères de la nature ?
La réponse apportée par la fin du film est complexe évidemment (point de manichéisme, on est pas chez Disney ici) : les tanukis sont obligés de se transformer en humains pour survivre, gommant ainsi en surface leur identité profonde. Mais avant cela, ils s'offrent un dernier instant de bonheur : grâce à leur pouvoir de transformation, ils métamorphosent le paysage totalement urbanisé en forêt originelle ...
C'est un des plus beau moment du film, quand une femme à sa fenêtre reconnaît sa propre mère en train de marcher le long d'une rizière et sort à sa rencontre. Pendant cette courte illusion, les hommes se "rachètent", enfin touchés par l'essentiel.
Un autre aspect du film et non des moindre est l'incarnation de la culture japonaise par les tanukis : ils vivent dans un habitat traditionnel, vêtus de kimono, emprunts de tradition et de respect pour le sacré mais sont fascinés par le monde moderne : séquence hilarante où ils découvrent la télévision (et ses emissions culinaires !) ...
Takahata utilise d'ailleurs toutes les ressources culturelles pour servir son propos : extrait de légendes et mythes fondateurs, représentation des sages sous forme de dieux bouddhistes,
citation d'estampes célèbres (la parade des ectoplasmes), personnages du folklore japonais ... tout y passe jusqu'à la façon des tanukis de faire la fête !
Une bonne façon de faire connaissance avec la culture japonaise ...
Bonus :
Au moment où les tanukis se métamorphosent pour la parade, on peut voir des personnages du studio ghibli faire une appration furtive ...
Où le voir ? En ce moment dans tous les bons cinémas (en Vo svp) ... courez-y vite !
Lien : l'excellent et très complet dossier de Buta Connexion sur Pompoko, et leur incroyable galerie. Un site pour faire connaissance avec les Yokai, les créatures de la mythologie japonaise.